Colonel à la Suite?

[Bernard 1809]

Eulner (d') Guillaume Joseph
Né le 19/03/1767 à Thal Ehrenbreistein près de Coblence (Pays de Trèves); Chevalier de la Légion d'Honneur le 14/03/1806 (accès à son dossier dans la base Léonore du Ministère de la Culture : clic) ; Chef d'Escadron au 6e Chasseurs à cheval le 30/12/1806; Colonel à la Suite du 6e Chasseurs à cheval le 30/05/1809; Baron de l'Empire le 15/08/1809; Colonel à la Suite du 5e Hussards le 25/09/1809; Colonel (listes des 1er novembre 1809 et 1er janvier 1810); nommé le 11 janvier au commandement du 7e Régiment de Hussards; Colonel en pied du 7e Hussards le 18/02/1810.

Je cherche la signification exacte de "Colonel à la Suite".
Et aussi "Colonel en pied" si possible.
J'avoue que je ne connais pas ces expressions...

[Siaba]

J'avoue que je me pose aussi la question. Je suis en train de lire les mémoires de Marbot et il en parle lorsqu'il intègre l'état major de Murat en Espagne. En tant qu'aide de camp, il se considère mieux loti que les officiers à la suite sans préciser de quoi il s'agit. Pour info en Allemagne et en Russie, c'est un titre honorifique désignant un officier ayant commandé un régiment…si ça peut aider...

[gboue]

Vieux souvenir de la Sorbonne;

Un colonel à la suite est un colonel en titre mais sans affectation définitive à un corps, en l'attente d'un poste se libérant. je pense que c'est surtout un rattachement administratif. Sous l'ancien régime, les officiers à la suite percevaient une basse paie tout en continuant à servir en dehors des périodes de guerre, c'était une forme de pré-pension.

Gboue

[LECHEVALIER]

Dans son ouvrage consacré aux États-Majors et Services de santé paru aux éditions Jacques Grancher, Le commandant BUCQUOY décrit ainsi les officiers à la suite.

« Ils étaient de trois sortes
1° Des officiers adjoints qui, devenus chefs d'escadron ou de bataillon sans quitter l’État-Major, y étaient maintenus; faute d'avoir des places dans les Corps* ou parce qu'ils remplissaient utilement certaines fonctions.
2° Des lieutenants qui par leur grade, n'avaient pu entrer dans le Corps des adjoints** mais qui avant cette organisation datant de l'An XI, se trouvaient dans les États-Majors et avaient continué à y être employés.
3° Des officiers pris dans les Corps de l'Armée et attachés provisoirement à l' État-Major pour assurer son service, dans le cas ou les pertes de la guerre auraient rendu le nombre des officiers employés à l' État-Major absolument insuffisant ».

Dans les deux premiers cas il s'agit d'une situation administrative irrégulière réglée par l'avancement ou par l'affectation en régiment.
Dans le troisième il s'agit d'un officier affecté en régiment mais employé provisoirement à l' État-Major pour suppléer le manque d'officiers d' État-Major.

Concernant votre colonel nous avons affaire à un quatrième cas : celui des officiers supérieurs ou d'officiers généraux sans affectations mais attachés à l' État-Major qui aux cours de la campagne devront prendre un commandement, soit que celui-ci soit devenu vacant, soit qu'il faille constituer une unité de circonstance pour une mission particulière, soit qu'il faille assurer le gouvernement militaire d'une région occupée ou le commandement d'une place forte enlevée à l'ennemi.

Dans le cas du Colonel Guillaume Joseph d'Eulner, il s'agit donc d'un officier supérieur à la suite (de l' État-Major) et placé provisoirement et à deux reprises à la tête d'un régiment de cavalerie dont le commandement était vacant. A la suite de ces deux commandement « provisoire » il sera nommé (mais de façon effective cette fois) au commandement d'un régiment de cavalerie.

[gboue]

Très belle réponse de Lechevalier.

Voir aussi dans : « Étude sur le service d'État major pendant le premier Empire » du Lt Colonel Philipp, Lavauzelle, 1900.
Peut être aussi sur Galllica

GBoue

[Bernard 1809]

Merci pour toutes ces réponses.
Et « Colonel en pied » ?
Uniquement pour ma culture personnelle.

[Jeff, de Lyon]

Bonjour,
quinze jours après le début de la Campagne de Russie 1812 :

- juste après le passage du Niemen (le 23 juin), la moitié des chevaux de la Grande Armée sont morts (l'herbe de Russie ou autres raisons ?)
et donc la moitié des Cavaliers (Cavalerie, Artillerie, Ravitaillement) sont devenus des piétons...

- Napoléon avait prévu un double-approvisionnement (théorique) pour l'Armée : mais cela n'a pas suffit.

Si çà peut aider à éclairer vos lanternes.


Jeff,

[Thierry Melchior]

Et « Colonel en pied » ?

Peux-tu dire le contexte dans lequel tu as trouvé cette expression, merci Bernard.

[Bernard 1809]

Je cherchais le nom du chef de corps du 6ème chasseurs à cheval à Wagram.
Pour coller une étiquette sous sa figurine...le truc qui ne sert strictement à rien...
J'ai trouvé le colonel François Ledard.
Mais après recherches, il s'est avéré que ce dernier est bien le chef de corps du 6ème chasseurs depuis 1808 mais pour faire bref, il était encore sur la route venant d'Espagne.
De fait j'ai cru comprendre que c'était finalement le colonel Guillaume Joseph d'Eulner qui commandait à Wagram!
J'ai fait une petite recherche sur ce brave colonel (voir mon premier post) et j'ai trouvé dans sa biographie militaire 2 expressions que je ne connaissais pas:
-Colonel à la suite
-Colonel en pied.
Voili voilou

[Bernard 1809]

Au vu des dates:
Nommé le 11 janvier 1810.
"En pied" le 18 février 1810 soit 1 mois après.

Au vu de la seule expression que j'ai trouvé avec la préposition "en" devant le nom "pied":
PRENDRE UNE PHOTO EN PIED = c’est prendre une photo d’une personne toute entière, de la tête aux pieds.

Ma conclusion est que "en pied" signifie que le colonel Eulner à rejoint sa nouvelle (ou pas) affectation, que la cérémonie de passage de commandement entre lui et son prédécesseur a été effectuée, ...
Bref qu'il est opérationnel dans sa nouvelle fonction!

[Thierry Melchior]

Je cherchais encore mais je pensais comme toi (photo en pied, en pied = en poste).

[Bernard 1809]

Une info intéressante que je viens de trouver sur les personnels "à la suite".

Sigismond du Pouget écrit :
"Extrait d'une lettre à son beau-père, le comte d'Escars
Saabow en Silésie, le 2 août 1813.
Il faut, mon cher père, que je vous prie de me rendre un service essentiel : J'ai été nommé chef d'escadron au 5e régiment de hussards le 21 mars dernier. M. de Gramont y avait été nommé quelques jours avant moi, en remplacement de M. Drouard, tué dans la campagne; moi j'ai été nommé en remplacement de personne, quoique je dusse l'être en remplacement de M. de Saint-Pern, passé dans le 22e de chasseurs. Je vous prierais de parler au ministre de la Guerre et de passer dans les bureaux pour me faire expédier ma nomination en remplacement de M. de Saint-Pern, sans quoi je risque d'être mis à la suite dans le régiment et réduit à la solde de capitaine.

Visiblement, il perdait une partie de leur solde.
Ce qui n'est pas négligeable!