Bernard a écrit
Le système An XI permet de rajouter un coffret de munitions directement sur l'avant-train.
C'est ça l'intérêt?
Je ne pense pas. Historex commercialisait et commercialise encore une boite d'artillerie dénommée Friedland (en souvenir sans doute de la manœuvre du général Sénarmont) proposant une pièce de 8, une équipe de pièce et un avant-train attelé à deux chevaux. Bon OK j'avoue j'ai acheté et monté l'ensemble mais c'était dans ma prime jeunesse, il y a plus d'un demi siècle, il y a donc prescription.
http://www.historex.com/crbst_12.htmle
Le couvercle illustré par Eugène Leliepvre, peintre officiel des Armées, laisse apparaître le coffret posé en hauteur entre les montants de l'avant-train. De fait l'écart correspond exactement aux dimensions du coffret. Connaissant la minutie avec laquelle Monsieur le comte Vaquette de Gribeauval mis au point son « système », ce ne peut être un hasard.
Parmi les modifications apportées par la réforme de l'An XI figurent les caissons qui, surélevés par rapport à l'avant train autorisait un rayon de braquage bien plus court et donc une meilleure manœuvrabilité. (je crois que vous en possédez plusieurs exemplaires). Les théâtres d'opérations russes et espagnoles eurent rapidement raison de la fragilité de cet ensemble plus adapté aux routes allemandes qu'aux mauvaises pistes de la péninsule ibérique et à la raspoutitsa russo-polonaise.
Les nouveau avant-trains attelés aux canons disposant d'une banquette propre à accueillir deux artilleurs, semblables aux avant-trains britanniques eurent semble-t-il plus de succès en particulier dans l'artillerie à cheval car ils permettaient de faire l'économie de deux chevaux. Pour autant cette innovation ne fut pas généralisée. Pourquoi ? J'en sais rien. Je ne sais pas davantage si à l'instar des britanniques, les caissons sur lesquels s'asseyaient les artilleurs abritaient dans leurs flanc quelques munitions supplémentaires ou s'ils abritaient les bagages de l'équipe de pièce..
L'essentiel de la réforme de l'an XI portait sur la suppression des calibres de 4 et de 8 livres, en leur substituant des pièces de 6 livres. Je ne développe pas, j'ai suffisamment épilogué sur le sujet
Bernard a écrit
Les coffrets ne sont pas des civières ?
Les coffrets tout comme les divers caissons de munitions sont aménagés pour accueillir des « coups complets » constitués de la cartouche de poudre, du sabot et du boulet ou de la boite à mitraille). Les artilleurs (canonniers et servants) sont trop occupés autour de leurs pièces pour les confectionner durant la bataille.
En outre le fait de recharger les canons et les obusiers en enfournant la poudre, la bourre puis le boulet réduirait de façon sensible la cadence de tir. C'est la raison pour laquelle chaque bouche à feu est suivie d'un, deux ou trois caissons de munitions « prêt à l'emploi ».
La civière est employée pour le transport des éléments constitutifs du « coup complet ». On la trouvera :
- soit au niveau du grand parc où les ouvriers d'artillerie se chargeront de confectionner les coups complets afin recomplèter les caissons vides.
- soit dans les place fortes où les coups complets déjà confectionnés ne suffiront jamais à supporter un siège.
Bernard a écrit
J'ai trouvé en figurine ces deux petits caissons.
Impossible de les retrouver en image...
La légende des deux modèles me semble assez explicite. Le small wagon correspond au fourgon à bagages, tandis que le supply wagon correspond au fourgon assurant la fourniture du pain et de la viande.
D'après leur représentation, il semblerait que le second soit un peu plus long.
Le dernier dessin en noir et blanc d'Albrecht Adam qui figure à la fin de votre message du 8 novembre est légendé comme un fourgon « bataillonaire » affecté au transport des bagages des officiers. (l'armée napoléonienne d'Alain Pigeard éditions Curandera page 693).
Un fourgon semblable est affecté à l'état-major du régiment destiné au même emploi. En outre le chef de corps dispose d'un fourgon personnel pour ses propres bagages mais aussi pour le transport des papiers du régiment.(journal de marche, état des effectifs, correspondance, comptabilité et autre impedimenta....).
Chaque régiment est en outre doté d'un fourgon du même modèle affecté au service de santé. Il renferme les instruments de chirurgie, les matériels et la charpie nécessaires aux chirurgiens du régiment (Percy avait demandé qu'un même fourgon soit affecté à chaque bataillon, en vain).
Outre leur longueur, il me semble que deux types de fourgons se côtoient. Ceux qui sont couverts d'une bâche et ceux qui disposent d'un couvercle rigide sans que je sois parvenu à savoir s'ils étaient affectés à l'une ou l'autre de ces missions. Par ailleurs je ne crois pas que tous disposent d'un attelage à quatre chevaux. Je pense même d'après les dessins comme ceux de Adam que les attelage à deux chevaux étaient les plus courants. Je vous renvoie aux échanges que nous avons eu concernant les rations de fourrage attribuées à chacun.
Bernard a écrit
Ça fait un peu Far West!
J'ai d'abord eu le même sentiment en particulier lorsque j'ai acheté la boite « french army suppport convoy » d'Italeri présentant un fourgon bâché. Un fourgon semblable est commercialisé par Perry. Le livret Soldats & officiers repris et complété par la revue Soldats confirment pourtant tous deux l'existence de ce type de fourgon.
Là aussi deux modèles existent. L'un avec banquette, l'autre sans. Dans ce dernier cas un postillon conduit l'attelage.
Les fiches joliment illustrées que vous nous proposez sont bien faites pourtant je crois qu'un peu de sémantique ne serait pas superflue. A cet égard, le terme caisson doit être réservé aux « caissons de munitions » tandis que le terme de fourgon correspond aux « fourgons à bagages ».
Les caissons, dont le fond est doublé en métal pour garantir la poudre de l'humidité sont munis d'un couvercle à section triangulaire. Les fourgons disposent quant à eux soit d'une bâche, soit d'un couvercle arrondi. Les chariots enfin constituent une troisième catégorie. Dépourvus de tout couvercle, le plancher ajouré ne permet le transport ni des bagages ni de la poudre.
Bien sûr il existe des exceptions tels les « caissons à outils » du génie qui bien que spécifiques ressemblent aux caissons de munitions des artilleurs en un peu plus court et un peu plus large, mais ne transportent aucune munition.
Les chariots à munitions aussi appelés chariot de division transportant les boulets sont affectés majoritairement au parc d'artillerie où sont confectionnés les coups complets. Trois de ces chariots sont par ailleurs affectés à chaque division d'artillerie. Un est affecté à la compagnie d'artillerie, un au train et un de rechange.
L'artillerie et le système Gribeauval tome 2 Histoire & Collections page 80.
Ces chariots de division ne sont visiblement pas destinés aux transport des boulets et de la poudre 'pour les raisons que j'ai détaillées plus haut), mais plus vraisemblablement du fourrage nécessaire aux 156 chevaux que rassemble chaque division d'artillerie. C'est ce qui explique leur plancher à clair-voie.