Bonsoir Cruchot
cruchot a écrit :Thierry, j'espérais que tu avais plus d'infos sur le sujet.
Et bien, peut-être n'ai-je pas été assez explicite et/ou affirmatif ?

Je n'ai pas trouvé de mémoires relatant un corps à corps, mais
il y avait bien des combats au corps à corps dans les rues, les cimetières, les maisons, les étages, les pièces !
Je préfère que vous achetiez les livres dont je donne les références, mais voici un extrait qui devrait te convaincre qu'il y avait bien des corps à corps dans les zones construites pendant les batailles.
« La bataille de Waterloo » de Jean-Claude Damamme, Librairie Académique Perrin, 1999. ISBN : 2-7028-3949-5 a écrit :
Plancenoit, vers vingt heures trente.
Alors que, à la droite des lignes françaises, la panique ronge les troupes, alors que les soldats, déconcertés, crient A la trahison / et abandonnent leurs armes, d'autres hommes luttent désespérément dans le village. Incendié par les obusiers prussiens, Plancenoit est un gouffre de feu. L'église, qui, ce matin, a fait voler les notes de l'angélus sur les soldats massés dans l'arène, pointe son clocher contre un ciel d'apocalypse.
Harcelée, émincée, meurtrie, la Jeune Garde résiste. Deux bataillons d'anciens, un du 2e chasseurs et un du 2e grenadiers de la Vieille Garde sous le commandement du général Jean-Jacques Pelet, un Toulousain de trente-sept ans, ancien ingénieur-géographe et aide de camp de Masséna, luttent furieusement à ses côtés.
Les rues du village rougeoient des incendies qui dansent dans les maisons. Chacune d'elles est le champ clos de combats singuliers. Français et Prussiens se pourchassent dans les escaliers, qui s'effondrent dans une gerbe d'étincelles sous les pas enragés des adversaires, et là, prisonniers, ils continuent de s'entretuer avec férocité jusqu'à ce que le plancher, rongé par le feu, s'effondre à son tour, précipitant les combattants dans les flammes.
Duhesme, le patron de la Jeune Garde, tombe mortellement blessé dans la rue principale du village.
Forte du soutien des anciens, la Jeune Garde, composée pour l'essentiel de très jeunes volontaires parisiens et lyonnais, s'accroche au cimetière dans lequel elle s'est repliée.
Des corps percés, fracassés, tordus, s'entassent sur les tombes, au milieu des croix brisées. Des plaintes résonnent, troublant le dernier sommeil des villageois.
Pour tenter de s'emparer du bastion qu'est devenu le cimetière, Gneisenau, dépêché par Blücher pour diriger les opérations, lance des renforts dans la lice. Toujours plus de renforts : fusiliers du 25e régiment d'infanterie prussien, du 15e régiment de la Landwehr de Silésie... pour refouler et, si possible, anéantir les défenseurs du village.
Chaque maison, chaque ruelle se fait champ clos que l'on se dispute farouchement. La pitié n'a pas cours en ce lieu.
Le 2e régiment de la Landwehr westphalienne arrive à la rescousse. Ils sont maintenant plus de 10 000. contre moins d'un millier.
Refoulés du cimetière, les Français sont poussés, baïonnettes au ventre, jusque sous les murs des maisons en flammes.
Récit d'un témoin :
« La lueur de l'incendie, éclairant les combattants qui faisaient retentir l'air de leurs cris, donnait un caractère sauvage à cette scène sanglante. Mais l'intérieur de l'église présentait un spectacle plus sauvage et plus terrible encore, lorsque les flots de lumière que les flammes versaient dans son enceinte à travers les fenêtres venaient éclairer les morts et les traits défigurés des blessés et des mourants qui encombraient l'édifice sacré. »
Quand il n'y a plus de munitions, quand les baïonnettes sont brisées, tordues, on se bat à coups de crosse, ou avec l'outil de sa fonction. Stubert, tambour-major du 2e grenadiers, fracasse les crânes prussiens avec la pomme de sa canne, qu'il manie comme la masse d'arme d'un chevalier du moyen âge.
À vingt heures trente, Pelet est informé que l'ennemi s'insinue sur la chaussée de Bruxelles. Il tente de faire rallier au tambour. Impossible : la mitraille a éventré les caisses.
Écrasés par le nombre, les survivants n'ont plus d'autre choix que la mort dans Plancenoit.
Dans un ultime effort, Pelet et ses hommes, Jeune et Vieille Gardes confondues, se taillent un chemin dans le barrage prussien qui garrotte le village, et, mitraillés de toutes parts, parviennent à s'extraire de la fournaise et à gagner la chaussée de Bruxelles.
Pelet, alors, se retourne pour compter ses hommes : ils ne sont plus que 250. Au-dessus du petit groupe sanglant, une forme funèbre et fine : c'est l'aigle du 2e chasseurs couverte d'un crêpe noir.
Dans les ruines de Plancenoit, le général Duhesme gît, inerte, là où il est tombé.
cruchot a écrit :Concernant l'attaque en colonne préconisée par Guibert, cela semble logique mais dans une rue de 6 m de large, un simple peloton a déjà de la profondeur !
Je crois que tu n'as pas compris.

Guibert sait parfaitement comment ça se passe : la colonne en question doit être à peu près aussi large que la zone construite.
Le premier peloton (ou première division) masque les feux et, s'il flanche, le deuxième continuera l'assaut sans trop avoir souffert des feux et de la vue de l'obstacle !
Guibert sait bien que les soldats doivent se tasser dans les rues.

D'ailleurs je viens de consulter Guibert pour te répondre et bien maintenant que j'ai lu « Les souvenirs du lieutenant Martin » et l'étude « Sous le feu », j'ai encore plus de respect pour lui !
C'est un homme qui a fait la guerre et qui sait comment manier l'Homme au combat !
Lire ces écrits à la lumière des ouvrages précités est une révélation !
