Histoire et efficacité du Brown Bess

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Thierry Melchior
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Histoire et efficacité du Brown Bess

Message par Thierry Melchior » Mer Nov 25, 2009 7:28 pm

Voici un lien « technique » qui intéressera peut-être certains d'entre vous :
http://www.rifleshootermag.com/featured ... ss_092407/
Il ne fait que confirmer ce que nous savions déjà sur la « précision » du tir à l'époque. 8)

Merci à Dauriac2000 qui a obtenu ce lien sur le forum de « Napoleon Series » ! :wink:
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Re: Histoire et efficacité du Brown Bess

Message par dauriac2000 » Mer Nov 25, 2009 10:31 pm

Alors là je suis déçu Thierry, j'ai cru un instant que tu m'avais trouvé une autre source d'info...

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Thierry Melchior
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Re: Histoire et efficacité du Brown Bess

Message par Thierry Melchior » Jeu Nov 26, 2009 8:43 am

:oops: Désolé :oops:
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Re: Histoire et efficacité du Brown Bess

Message par Aetius » Jeu Nov 26, 2009 10:16 am

Et encore, les scores obtenus (honorables je dois dire) l'ont été sans stress ni gêne...
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Re: Histoire et efficacité du Brown Bess

Message par ivaniv » Jeu Nov 26, 2009 10:33 am

comme sur tous les tests des armes :wink:

mais cela ne me surrprends pas beaucoup ... voir les diffrents résultats des concours de tir à poudre noire.
Après la problématique est d'avoir le fusil propre au cours d'une campagne (par exemple avoir un peu d'humidité dans le canon est assez génant) et surtout faire face à la déngradation du tir au cours de la bataille.
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Re: Histoire et efficacité du Brown Bess

Message par Korre » Jeu Nov 26, 2009 2:06 pm

Si j'ai bien compris le texte, à 50 m la probabilité de touche tend vers le 100 pour 100, tandis qu'à 100 m ça devient du pifomètre...

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Re: Histoire et efficacité du Brown Bess

Message par Thierry Melchior » Jeu Nov 26, 2009 3:38 pm

Pour connaître la distance en pas (0,65 cm) il faut multiplier les yards par 1,4.

À 280 pas, aucune chance !
À 140 pas, 3 balles sur 5 touchent la cible de la largeur d'un homme (50 cm).
À 70 pas, les 5 balles touchent.
Sans oublier que les balles qui s'écartent latéralement toucheront toujours un soldat « dans le tas » !

D'après de Guibert, les fusils français commencent à avoir un grand effet à partir de 240 pas (80 toises).
Grand effet : c'est-à-dire en masse, pendant la bataille.

Pour SBA, j'avais relevé (je ne sais plus où) et croisé des résultats d'études de l'époque.

Cible à : 100--- 200--300--400---450 pas
Rifle :--100%---80%--25%--10%---maxi - - - (test anglais)
Fusil :---40%---20%--10%---5% - - - - - - - - (test de 1763, français ?)

On voit bien que l'intérêt de la carabine rayée c'est sa précision aux distances usuelles.

Pour information, le calibre 4 Gribeauval tirait à petite mitraille à partir de 450 pas (à grosse mitraille à partir de 750 pas).
Alors que, réglementairement, le calibre 6 anglais tirait à grosse mitraille partir de 490 pas.
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Re: Histoire et efficacité du Brown Bess

Message par Aetius » Jeu Nov 26, 2009 4:12 pm

Il ne faut pas oublier qu'il n'y a pas non plus d'organe de visé (hormis un guidon, pas calibré car non réglable). Ce qui signifie que l'on tire au jugé. La baïonnette amplifie la difficulté de visée (tendance à "piquer"). Tous les tests d'armes se font sans la baïonnette (donc meilleurs résultats). Est-ce que cet accessoire est mis en place systématiquement et de manière permanente sur le champs de bataille? C'est donc l'expérience du tireur qui fait la différence. Encore faut-il qu'il ait un entrainement individualisé au tir, et pas seulement une expérience de tir de file.
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Re: Histoire et efficacité du Brown Bess

Message par Thierry Melchior » Jeu Nov 26, 2009 4:43 pm

Oui, tout à fait. :)
J'ai manipulé un fusil au Musée Napoléon de Brienne : c'est lourd un fusil, avec ou sans baïonnette ! :shock:
Sans oublier la fumée, les projectiles qui sifflent aux oreilles, les cris des blessés, l'attention qu'il faut porter au tambour, etc.

Mais pour faire un « grand effet » comme dit de Guibert, 20% (ou moins) de coups au but suffisent. 8)
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Re: Histoire et efficacité du Brown Bess

Message par Korre » Jeu Nov 26, 2009 6:04 pm

Merci Thierry pour toutes ces précisions !

Je pensais que la statistique pour toucher chutaient plus rapidement.
Dernière édition par Korre le Jeu Nov 26, 2009 11:17 pm, édité 1 fois.

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Re: Histoire et efficacité du Brown Bess

Message par Siaba » Jeu Nov 26, 2009 7:02 pm

Attention, il y a d'énormes diffèrences entre un tireur expérimenté dans le confort d'un stand de tir avec une arme propre et des cartouches bien préparées et le soldat qui se trouve sur le champ de bataille avec une instruction de tir sommaire, la fumée, les cris, les pertes autour de lui, une arme vieille ou sale.
Bref, tout ça pour dire qu'en Sécession (où les armes ont quand même bien évoluées) on estime en prenant deux régiments de 400 hommes qui se canardent pendant deux heures en se rapprochant progressivement de 150 à 40 yards qu'il faut entre 130 et 181 tir pour qu'il y ait une perte :shock:
AMHA filer une bonne arme à un tireur de l'époque c'était du gâchis.....
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Re: Histoire et efficacité du Brown Bess

Message par ivaniv » Jeu Nov 26, 2009 9:11 pm

je confirme que le fait que l'arme soit sale joue enormement : en reconstit empire, dans des conditions presque normale sans gros stress ni peur pour nos vies, un fusil sale ne tire plus ou très mal et les fusils se salissent très, très vite: cela depend de la poudre utilisée mais en schematisant, au bout d'une dizaine de tir , il faut nettoyer systématiquement le bascinet et la batterie
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Re: Histoire et efficacité du Brown Bess

Message par Euthanasor » Jeu Nov 26, 2009 9:30 pm

D'autre part sous le 1er empire, les soldats n'étaient pas entraînés à viser.
Il suffisait qu'ils soient sur une colline pour que 90% des tirs passent au dessus de l'ennemi (et vice versa, ceux d'en bas tiraient aussi à l'horizontale).
Les troupes plus aguerries (voltigeurs par exemple) étaient cependant capables de viser grosso modo, si ce n'est des individus, (pas d'organe de visée) au moins des zones des bataillons ennemis. Ce sont les Prussiens qui s'en sont rendu compte lorsque sous le feu français, ils se sont rendu compte de l'énorme proportion de sous officiers et d'officiers hors combat. En fait, tous ces "chefs" étaient situés quasiment au même endroit( aux extrémités du bataillon), ce qui n'avais pas échappé aux français.
"Pour le meilleur et pour l'Empire"

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Re: Histoire et efficacité du Brown Bess

Message par Aetius » Jeu Nov 26, 2009 10:14 pm

En parlant de Prussiens, je me souviens avoir lu que pendant la campagne de 1806, tous les régiments n'avaient pas été équipés de fusils neufs. Hors, du fait des inspections fréquentes et sévères, les fusils en dotation étant remarquablement entretenus. Trop même. A force d'être briqué, le calibre était significativement augmenté, l'évent augmentait donc l'imprécision du tir (déjà pas fameuse) et diminuait la vitesse initiale du projectile (tu penses...), mais plus encore, que les soldats, au courant de la faiblesse du tube, saignaient systématiquement leurs cartouches et tiraient quasiment à demi charge. Imaginez la tête du lignard français qui se prenant à moyenne portée une balle en pleine poitrine, se croit d'abord mort, puis constate que la balle qui devait le tuer c'est écrasée sur son habit, ne lui causant qu'un bleu, douloureux certes, mais sans plus de conséquences. Imaginez la tête des Prussiens fusillant des Français qui ne tombent pas (ou peu)...
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Re: Histoire et efficacité du Brown Bess

Message par Thierry Melchior » Ven Nov 27, 2009 11:02 am

Siaba a écrit :Attention, il y a d'énormes différences entre un tireur expérimenté dans le confort d'un stand de tir avec une arme propre et des cartouches bien préparées et le soldat qui se trouve sur le champ de bataille avec une instruction de tir sommaire, la fumée, les cris, les pertes autour de lui, une arme vieille ou sale.
Oui, tout à fait. :) Bien sûr, les études que j'ai citées ont été réalisées à l'époque et sur les champs de tir habituels.
Un intervenant sur Napofig (je ne me souviens plus qui :oops: ) avait écrit : « Pour une arme à chargement par la gueule de 18 mm, le chargement devient difficile au bout de 30 à 40 coups, pour une arme de 11 mm au bout de 4 à 5. Le temps de feu du fantassin est de 10 minutes avec les fusils à pierre. »
Il me semble qu'il y a 30 cartouches dans la giberne, alors à une moyenne de trois coups par minute…
ivaniv a écrit :… au bout d'une dizaine de tirs, il faut nettoyer systématiquement le bassinet et la batterie.
Oui, tout à fait, :) mais aussi, et surtout, la lumière, c'est pourquoi la perte de l'épinglette était sévèrement punie.
Je respecte les reconstitueurs et j'ai des amis parmi eux, ainsi la lecture de documents d'époque à la lumière de leur vécu dominical permet de comprendre certaines choses.
Par exemple, le livre du général de Brack « Avant-postes de Cavalerie Légère », réédité récemment par LRT Éditions, est très instructif sur la réalité du tir.
Dans la réponse à la question : « Quel soin devez-vous avoir pour vos armes à feu », il y a cette phrase : « Toutes les fois que vous tirez, passez l'ongle sur la pierre ; si cela ne suffit pas, battez-la bien légèrement avec le gros bout de la baguette ; mais songez que ce moyen use rapidement la pierre, et qu'il ne faut l'employer qu'avec modération. »
Peut-être faut-il passer l'ongle sur le tranchant de la pierre (le silex) pour ôter le noir de fumée qui s'y dépose et qui doit gêner (interdire ?) la production d'étincelles au coup suivant ? Si vous n'avez jamais manipulé d'armes d'époque et encore moins tiré, vous ne pouvez pas comprendre cette histoire d'ongle.
C'est pour ça que je recommande de s'imprégner des conditions de vie de l'époque pour comprendre les récits (comme l'histoire des blés faisant 1,8 à 2 mètres de haut).

À propos des « organes de visée » : il y a un point de mire sur les armes à feu française (soudé sur le guidon) et je présume qu'il en est de même chez les autres nations. Il me semble qu'il y en avait aussi un sur le « bourrelet » à la gueule des tubes des canons.
Euthanasor a écrit :D'autre part sous le 1er empire, les soldats n'étaient pas entraînés à viser.
Peut-être pas chez les Russes, mais chez les Français si (même dans la cavalerie), chez les Anglais aussi, bien sûr, et peut-être chez les autres nations.
Euthanasor a écrit :Il suffisait qu'ils soient sur une colline pour que 90% des tirs passent au-dessus de l'ennemi (et vice versa, ceux d'en bas tiraient aussi à l'horizontale).
Oui, tout à fait, :) bien qu'il faille s'entendre sur le terme « colline ». C'est aussi valable pour l'artillerie.
Euthanasor a écrit :Les troupes plus aguerries (voltigeurs par exemple) étaient cependant capables de viser grosso modo, si ce n'est des individus, (pas d'organe de visée) au moins des zones des bataillons ennemis. Ce sont les Prussiens qui s'en sont rendu compte lorsque sous le feu français, ils se sont rendu compte de l'énorme proportion de sous officiers et d'officiers hors combat. En fait, tous ces "chefs" étaient situés quasiment au même endroit( aux extrémités du bataillon), ce qui n'avait pas échappé aux Français.
Je connais ce texte mais ce n'est pas comme ça que je l'ai compris, mais je me trompe peut-être. :)
Bon, enfin, je donne ma version : les Français (voltigeurs ou non) savaient viser, surtout après les années d'entraînement au camp dit de Boulogne (les voltigeurs et assimilés étant les meilleurs tireurs).
De tout temps les chefs et autres généraux ont été des cibles privilégiées, ça, je ne vous l'apprends pas. Tuer le chef (ou le capturer) c'est tuer l'âme de l'armée ennemie.
Dès son invention, l'arme à feu devient le moyen idéal de tuer les chefs, ceci sans risque pour les tireurs (ce sont les lâches décriés par Bayard) !
La guerre de Sept ans verra ce phénomène prendre de l'ampleur, d'ailleurs, en Amérique, les officiers anglais chercheront à ressembler à leurs hommes pour éviter d'être pris pour cible par les Insurgents.
Durant les guerres révolutionnaires, les Autrichiens ont « appris » aux Français (qui avaient « oublié » les enseignements de la guerre de Sept ans) à tirer sur l'encadrement :
- officiers,
- mais aussi sous-officiers
- et soldats servant de guide pour les changements de formation et les avances en ligne de bataille (c'est-à-dire plusieurs bataillons côte à côte).
- en ce qui concerne les musiciens (qui servaient à transmettre les ordres par les voies sonores) je n'ai pas de données historiques, mais peut-être que l'on prenait de préférence des jeunes pour justement éviter que les musiciens soient pris pour cible (la compassion était au moins aussi développée que de nos jours).

Donc, les tirailleurs français (voltigeurs ou non) tiraient sur l'encadrement ET comme l'encadrement encadre, c'est-à-dire se trouve autour de l'unité, les Prussiens ont constaté que les extrémités des unités subissaient plus de pertes du fait des balles destinées à l'encadrement qui touchaient les soldats du rang.
C'est juste mon explication. 8)

Je ne pensais pas qu'il y avait encore autant de joueurs tactiques napoléoniens ! :wink:
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