Dans son roman « le rouge et le noir » mon camarade de régiment Henri Breyle * met en exergie les deux modes d’ascension sociale des jeunes gens nés pauvres : l'église ou l'armée.
Contrairement à ce que nous avait enseigné notre professeur de français dans ma prime jeunesse, le rouge ne représente pas le corps des officiers mais la Garde qui se distingue alors de la Ligne par le port de retroussis rouges. On parlait d'ailleurs à l'époque des retroussis de la gloire.
J'ai encore souvenir qu'une marquise (noblesse d'ancien régime) s'affichait en société avec son amant, un simple grenadier certes mais grenadier à pied de la Garde Impériale, qui à ce titre côtoyait fréquemment l'Empereur (pour le service naturellement).
Concernant les retroussis rouges, dans l'infanterie c'est toujours le cas, dans la cavalerie c'est un peu différent car la France, pays d’exception n'est jamais aussi pressée lorsqu'elle édicte une règle que d'y ajouter des exceptions; (voir la réforme des retraites).
Concernant les uniformes des généraux de la Garde, il n'y a pas de textes car la plupart d'entre eux commandent en réalité un régiment de l'impériale cohorte de sorte qu'il aurait presque fallu un texte pour chacun.
Outre la tenue d'officier général tel que défini dans la chapitre 1er du règlement du 1er vendémiaire An XII, auquel ils ajoutent l'aiguillette et substituent aux boutons d'officier général, ceux de la garde ou de leur arme, ils portent alternativement l'uniforme du régiment dont ils sont les chef de corps; auxquels ils ajoutent les insignes du généralat (grosses épaulettes et ceinture-écharpe supportant la voie lactée, un ou deux rangs, selon le grade, de broderie dorée de feuilles de chênes.
C'est à ce titre que les généraux de la garde et en particulier ceux servant dans l'infanterie portent des retroussis rouges.
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Pour illustrer mon propos, je vous joins deux représentations du général Rottembourg en frac commandant une division de la Jeune Garde.
La première est extraite d'une peinture de la bataille de Laubressel (3 mars 1814) exécutée par le colonel Langlois. Elle est reprise dans les cartes de la collection du commandant Bucquoy.
La seconde est extraite des gravures de Rigo et proposée par le Club Française de Figurines Historiques auquel il a légué son œuvre.
S'agissant de l'uniforme que vous me soumettez, il s'agit bien d'un frac et comme je vous l'indiquais plus haut, son propriétaire issu de l'artillerie a choisi un boutonnage correspondant à son arme (canon croisés). Malheureusement le vêtement est dépourvu de ses épaulettes, de l'aiguillette prérogative de la garde et des ordres et médailles qui lui furent conférées..
La simplicité de l'habit correspond bien à l'idée que se faisait l'Empereur du « sage de la grande armée ».lorsqu'il dicta à Sainte Hélène les lignes suivantes :
“Drouot vivrait aussi satisfait avec 40 sous par jour qu'avec la dotation d'un souverain : sa morale, sa probité, sa simplicité lui eussent fait honneur dans les plus beaux jours de la République romaine…”.
“J'avais des raisons suffisantes pour le supposer supérieur à un grand nombre de mes maréchaux. Je n'hésite pas à le croire capable de commander à 100.000 hommes”.
Si les généraux d'infanterie de la Garde affectionnent les retroussis rouge pour les raisons évoquées plus haut, les généraux de l'artillerie de la même Garde leur préfèrent des retroussis bleu, sans doute parce que c'est réglementaire, peut-être aussi parce qu'il s'agit de la couleur de leur arme. A cet égard je vous renvoi à ce que je vous écrivais concernant la couleur des tapis de selle des officiers généraux.
http://www.jeudhistoire.fr/forum/viewto ... re#p122799
*Nous avons tout deux servi comme sous-lieutenant à la Reine-dragons 6° de l'arme (certes à deux siècles d'intervalle, nous nous sommes croisé un peu vite, il n'en reste pas moins un camarade de régiment).