Habit + veste 1806

[Bernard 1809]

Bonjour à tous.
Après une petite étude sur ces 2 effets réglementaires.


Je m'interroge sur la présence uniquement à droite du soldat de ces 3 boutons?

Une raison particulière?


PS: J'aime quand ça pinaille!

[Patrice]

Alors... je ne suis pas du tout un spécialiste des uniformes Nap'.

Mais ayant fait non seulement du wargame mais aussi de la reconstit' époque Louis XIV, ça peut être une simple conséquence logique de l'évolution du costume ?

Tu pars d'un justaucorps vers 1700, comme celui-ci (moi-même sur la photo avec en arrière-plan le mur rouge de la Tour Dorée de Camaret (près de Brest) il y a... plusieurs années). Là ce sont des couleurs inversées par rapport au Napo, c'est en blanc à l'époque royale.



On ne voit les revers, en laine d'une autre couleur (souvent reprise à l'époque sur des vestes usagées) que sur les avants-bras et un peu derrière sur les basques.

Plus tard, au milieu et seconde moitié du XVIIIe siècle, il y a une mode des revers de plus en plus larges sur la poitrine, fixés devant par des boutons (et derrière aussi de plus en plus courts).

Donc, la partie blanche sur la poitrine des tes illustrations, c'est l'évolution d'avoir de plus en plus (pour des raisons de mode à la con, comme toutes les modes) replié les revers.

Les boutons d'un seul côté plus bas sur le reste du vêtement de couleur différente, c'est le reliquat de la ligne de boutons normaux qui étaient à l'origine sur toute la longueur mais d'un seul côté bien sûr ; si le tailleur n'a pas été trop feignant le côté opposé devrait montrer les boutonnières correspondantes, mais comme à cause de l'évolution de la forme de l'habit ce n'était plus boutonnable elles peuvent être ignorées... Les boutons par contre on les garde, leur abondance a longtemps été un signe de prestige.

[Bernard 1809]

Intéressant!

Donc ces 3 boutons seraient un reliquat des boutons de l'ancien uniforme.

Je remarque d'ailleurs, que les boutons sont à droite et la boutonnière à gauche...

Les boutons par contre on les garde, leur abondance a longtemps été un signe de prestige.

Comme ça, le soldat pouvait passer ses longues soirées d'hiver à astiquer ses boutons.

Chez nous, on disait: "Un soldat qui n'est pas occupé, c'est un soldat qui va faire des conneries!"

[Patrice]

Je remarque d'ailleurs, que les boutons sont à droite et la boutonnière à gauche

Oui c'est plus facile à boutonner (pour un droitier). Il paraît qu'il y avait aussi le risque d'empêtrer son épée dans le vêtement en la dégainant si ça s'était ouvert dans l'autre sens (?)
La mode féminine c'est l'inverse, les boutons à gauche pour que leurs domestiques les leur boutonnent facilement.

[Bernard 1809]

On ne voit les revers, en laine d'une autre couleur (souvent reprise à l'époque sur des vestes usagées) que sur les avants-bras et un peu derrière sur les basques.

Passionnant!

J'ai du mal à comprendre le principe des revers, parements et retroussis...

Donc l'habit de l'époque était réalisé en 2 couches avec 2 couleurs différentes?
Ou il y avait 2 habits? Sur le dessin que j'ai mis, j'ai l'impression qu'il y a 2 habits!

Il suffisait donc, en théorie, de replier par exemple l'habit au niveau du poignet pour avoir un parement de couleur différente de la couleur du fond de l'habit?
Les manches devaient être super longues!

J'ai compris?

[Patrice]

Oui il y a deux épaisseurs. Celle du dessous (la doublure) pouvait à l'origine être en lin sur des vêtements civils, mais plus souvent en laine de couleur différente (ce qui a donné aussi la mode des "crevés" du XVIe siècle où on voit la couleur de la doublure à travers les coupures).

Puis tout ça part semble-t-il d'une mode mi-XVIIe de replier très haut ses manches pour faire négligé ...mais ensuite il faut rallonger le tout pour ne pas avoir froid (c'est idiot les modes !)

Lors de la fixation des uniformes militaires (vers la fin XVIIe) il est tentant de distinguer les régiments et leur donner un esprit de corps avec des doublures de couleur différentes (et par ailleurs, ça se porte avec une veste en laine en-dessous, dont la couleur varie aussi suivant les corps ; et les vieilles vestes servent souvent à refaire des doublures).

Comme tu le remarques, vers 1700 la manche retroussée n'arrive pas au poignet comme on le voit plus haut, on voit les poignets de la chemise un peu bouffante en-dessous.

Puis ensuite le revers est fixé et on rallonge la manche pour que tout ça arrive au poignet, et ça ne se déplie quasiment plus (sous Louis XV).



Puis fin XVIIIe et sous Napoléon, c'est devenu tellement conventionnel que ça ne correspond plus, par exemple pour l'infanterie française le revers de manche rouge et le revers de plastron blanc... ce qui montre que c'est devenu purement décoratif, et c'est cousu définitivement.

[Bernard 1809]

Donc, j'en conclus que l'habit avait 2 couches avec la doublure d'une couleur différente.

Ça me fait penser à la parka militaire que j'avais perçue lors de mon incorporation... Une couche supérieure en toile et une couche amovible intérieure en laine.
Dieu qu'elle était moche!

Puis fin XVIIIe et sous Napoléon, c'est devenu tellement conventionnel que ça ne correspond plus, par exemple pour l'infanterie française le revers de manche rouge et le revers de plastron blanc... ce qui montre que c'est devenu purement décoratif, et c'est cousu définitivement.

A priori, les parements napoléoniens n'étaient pas cousus...

[Bernard 1809]

Des bleus en blanc!

Et oui, il suffit d'ôter l'habit!
Et, c'est réglementaire!
Visiblement, il a dû faire chaud à Strasbourg en 1804.

Je ne connaissais pas.