Voici mon rapport de la bataille d'iéna où je jouais le rôle de Lannes avec 3 camarades de jeu (Suchet/Bérat-Gazan/Devif-Trelliard-Munoz) sous mon commandement. Comme j'ai eu le malheur de me faire plomber sur la fin de la bataille, j'ai trouvé cette forme originale pour retranscrire mon compte rendu

Conversation entre l’Empereur Napoléon Ier, au chevet du Maréchal Lannes blessé, et en présence du Chirurgien en Chef Larrey.
(Propos rapportés par un témoin occulaire ayant souhaité garder l’anonymat pour lui-même, mais ayant pensé que l’événement méritait d’être porté à la connaissance du plus grand nombre.)
-Lannes, mon ami, repose-toi !
-Non ! Je ne sais que trop que les vautours planent autour de la gloire récoltée ce jour.
Beaucoup sont morts pour elle et je tiens absolument à ce que justice leur soit rendue...
-Sire, il faut absolument qu'il se repose !
-Peine perdue ! Vous ne le connaissez pas assez pour savoir que sur un tel sujet il ne lachera rien.
Allons donc, soulage ta conscience...
-Conformément à tes souhaits, les hommes du Ve Corps ont fourni d'énormes efforts pour arriver sur le champ de bataille. Tu m'as demandé de les placer à l'Est de Cospeda, dans un périmètre si resserré que la plupart des hommes restèrent debout la nuit durant.
Suite à ton ordre j'ai avancé mon corps au Nord pour prendre Closwitz et Lutzeroda. Les mêmes hommes, exténués quelques minutes auparavant, avançaient maintenant avec allant. Il fallait même les ralentir pour garder les rangs. Je dirigeais la division Suchet sur Closwitz, la division Gazan sur Lutzeroda et la brigade Trelliard au centre. Le brouillard causa bien des soucis dans nos mouvements. Nous ne découvrimes l'ennemi qu'a courte portée de mousquet. Le général Suchet sut en tirer profit pour masquer ses mouvements offensifs à l'ennemi. Il percuta très rapidement le front Prussien et enleva Closwitz à 9 h 30 par un mouvement tournant par l'ouest.
Bien maltraitée, l'infanterie ennemie dut son salut au secours inattendu de leur nombreuse cavalerie. Un bataillon fut sabré et reconduit dans ses lignes. Le coût aurait pu être bien plus élevé mais, ayant avancé la brigade Trelliard, ce dernier protégea et exploita brillamment les espaces. Le général Suchet en tira profit pour défaire une à une les unités ennemies isolées. Pendant ce temps, le général Gazan reproduit l'exploit du général Suchet en enlevant Lutzeroda. L'ennemi, coupé en deux par la cavalerie de Trelliard, retraita dans deux directions divergentes.
Il était 10 h 00. Les objectifs que tu m'avais assignés étaient remplis avec une heure d'avance. Les hommes hurlaient leur joie, les généraux se sentaient en confiance. La poursuite s'engagea en parfaite coordination inter-armes. Trelliard, en bon cavalier léger, poussa à fond ses mouvements tandis que Suchet et Gazan talonnaient l'ennemi la baïonnette dans les reins. Le résultat ne se fit pas attendre. 3000 hommes, 24 canons, 6 drapeaux, tombèrent en notre pouvoir. Le reste ne constituait plus que plusieurs flots de fuyards. Le bénéfice aurait pu être bien plus grand sans l'arrivée d'une division de Dragons prussiens venant de l'Ouest. Je me joignis alors au général Gazan pour organiser au plus vite un mur de baïonnettes. Nos ordres, hurlés et répétés, couvraient le bruit de la canonnade. Les Dragons firent mine d'attaquer mais durent se résigner à céder le terrain face à l'avance implacable de la division Gazan.
Tu m'avais ordonné de poursuivre mon avance vers l'Ouest par le passage étroit entre le village de Vierzenheiligen et le bois plus au Sud.
-Ordre, soit dit en passant ,que tu n'as pas exécuté...
-Le maréchal Soult était isolé ! L'ennemi venait de renforcer la ligne de défense sur Krippendorf.
Pour persévérer dans cette direction face à une division de Dragons qui nous ralentissait beaucoup, j'ai estimé que seule la division Gazan était nécessaire. Si j'avais engagé tout mon corps par cet étroit passage, l'ennemi aurait pu nous attendre en nous menaçant sérieusement à sa sortie tout en nous canonnant allègrement par le travers. Saisir Krippendorf m'a permis de rétablir la communication avec le corps de Soult tout en assurant le débouché de l'armée par le passage que tu avais choisi...
-Soit...
-Un combat véritablement acharné se livra pour ce village. L'ennemi contre-attaqua avec toutes ses forces suite au débouché de la division Suchet et de la brigade Trelliard. Une cavalerie quatre fois supérieure en nombre à la sienne vint se jeter sur le brave Trelliard qui lui répondit avec beaucoup de vigueur. Ce fait d'armes permit au général Suchet de se réaligner face à cette menace. Cette attaque que tu me reproches permit bien des choses car le Maréchal Soult sut en tirer profit tout comme Murat.
Les troupes qui se dirigeaient sur nos lignes s'étaient désengagées des autres fronts pour me contrer. Cela prouve également que l'ennemi craignait ma percée sur Krippendorf.
-Passons...
-La réserve de cavalerie débouchant à l’Ouest, Murat en tête, toutes les troupes ennemies retraitèrent. Nous nous réorganisâmes et les poursuivîmes jusqu'à ce que leur infanterie tente une furieuse contre-attaque. Le général Suchet étant parti gérer un gros problème de ravitaillement en munitions, je pris immédiatement le commandement de sa division. Le premier combat se déroula après un terrible choc de colonnes. Un bataillon de grenadiers ennemi parvint à faire replier un de nos bataillons. Il fallait stopper l'hémorragie immédiatement. Je saisis alors mon sabre et scrutais les unités disponibles.
Un bataillon de grenadiers réunis attendait son heure.
-Ah ! je me doutais de cela ! La voila l'explication ! Quand cesseras-tu de te mettre en danger à chaque occasion ?! Quelle sottise de se compromettre dans une attaque alors que la bataille était gagnée...
-L'honneur et l'instinct ne sont pas affaire de calculs ! Je laisse ça aux aux «Jean Foutre» ! Les soldats le savent. Je me suis porté au devant d'eux. Ils avaient compris et croisaient déjà la baïonette sans même que j’aie eu besoin de l’ordonner. Ces hommes avaient la flamme des braves qui brillait dans leurs yeux. Nous chargeâmes avec rage les Prussiens. Ils nous éprouvèrent par un feu dévastateur qui sema la confusion dans les rangs mais ne diminua pas l'ardeur de nos braves. Nous engageâmes un corps à corps des plus meurtriers et nous allions l’emporter quand le général Grawert vint me défier au coeur de la mêlée. J'allais le transpercer de mon épée quand je reçus ce coup de mousquet dans la poitrine.
Projeté au sol et à moitié inconscient, je ne me rappelle plus que des hommes venus me préserver au péril de leur vie d’une capture par l’ ennemi. Plusieurs dizaines de braves tombèrent à mes côtés, mélangeant leur sang au mien… ils réussirent à me sauver et à me ramener vers l’arrière… Mon dernier souvenir fut d’entendre les autres unités crier vengeance et de les voir enfoncer toute la ligne ennemie… Des braves… Ce… Ce sont des braves………
- Jean ?! Jean !!! Larrey !
-Oui Sire ?
-Est-il mort ?
-Non, Sire, sa blessure vient juste de le rappeler à ses obligations de repos.