LECHEVALIER a écrit : ↑Dim Oct 31, 2021 8:23 am
Merci à Gilles Boué pour son intervention. Pour être tout à fait exact je dois tout de même prèciser que Karl Philipp von Wrede ne fut élevé à la dignité de feld-marshall qu'en 1814, à la chute de Napoléon. Je gage que Bernard, en lecteur attentif, n'avait pas manqué de relever ce détail. Mais s'agissant d'un homme disparu depuis longtemps j'ai souhaité le restitué dans ses titres, grades et dignités, ceux là mêmes qu'il avait atteint au terme de sa vie.
S'agissant de la bataille de Hanau le gain de la journée du 30 octobre 1813 ne faisant aucun doute, peut-être la polémique tourne-t-elle autour de la journée du lendemain à l'issue de laquelle les troupes coalisées reprendront finalement Hanau ?
Le 31 octobre 1813 en milieu de matinée, Napoléon poursuit sa retraite en direction de Francfort et du Rhin. Il est accompagné de la Garde et des corps de Sébastiani, de Macdonald et de Victor.
Il laisse autour de Hanau quelques batteries d'artillerie pour renforcer le VI° corps de Marmont qui doit attendre le corps de Bertrand et la jeune garde sous Mortier. Ceux-ci ferment la marche des troupes françaises depuis Leipzig.
Dans la matinée; renforcé du III° corps de Souham, Marmont s'empare de Hanau et de ses faubourgs. Bientôt les troupes de Bertrand arrivent et relèvent celles de Marmont qui décrochent en direction de Francfort emmenant avec lui les III° et VI° corps. Le IV° corps de Bertrand désormais seul s'est donné un peu d'air, il contrôle désormais la zone allant du Sud de Hanau jusqu'au Main avec la division italienne de Fontanelli. A l'Est la division de Guilleminot tient le débouché du pont de Lamboi sur la Kinzig. La division de Morand est placée en réserve. Les troupes austro-bavaroises de de Wrede sont stationnées au sud de Hanau entre le Main et la forêt de Lamboi.
Vers 14 h. comprenant qu'il n'a plus devant lui qu'un faible rideau de troupes, de Wrede engage six bataillons d'infanterie autrichiens dont un de grenadiers pour reprendre Hanau, le tout soutenu par un régiment de hussards lui aussi autrichien. Simultanément deux régiments d'infanterie, l'un bavarois l'autre autrichien appuyés par 32 pièces d'artillerie doivent s'emparer du pont de Lamboi.
A 15 h, les 12 canons des généraux Morand et Guilleminot bien disposés balaient de leur mitraille le tablier du pont. L'attaque est repoussée à trois reprises. Bientôt, ses longerons en partie sciés, sont incendiés par les français, le pont cède sous le poids des coalisés précipitant ceux-ci dans la Kinzig. Nombre d'entre eux s'y noient. Une centaine de bavarois qui étaient parvenus à franchir le pont sont faits prisonniers.
L'attaque de la ville conduite par de Wrède lui même connaît d'abord quelques succès. Repoussant les italiens de Fontanelli, les autrichiens pénètrent dans la ville par la porte de Nuremberg tandis que les hussard inondent la plaine. De Wrede se dirigent alors vers l'est en direction de la Kinzig et du pont de Lamboi pour en prendre possession.
Il est 16 h, l'artillerie de Morand tire à mitraille sur les coalisés qui s'avancent en colonne serrée. Un flottement se fait sentir chez les autrichiens. C'est alors que de Wrede est touché. Grièvement blessé d'une balle au ventre, il doit être évacué loin des faubourgs de la ville de Hanau qui flambent. Le Feldmarshall-lieutenant, baron Fresnel prend alors le commandement. Il suspend l'attaque et ordonne le repli général.Toute l'infanterie autrichienne reflue alors. Le pont sur la Kinzig finit de se consumer tandis que la neige tombe drue.
La lutte a été âpre et les combats ont été acharnés en particulier dans les rues de Hanau menant au pont de Lamboi, mais l'offensive des coalisés a partout été contenue et finalement repoussée. Mortier et la jeune garde ont pu contourner Hanau plus au Nord et file sur Francfort. Vers 19 h. sa mission de retardement accomplie le IV° corps de Bertrand décroche et se replie dans la nuit sans être davantage inquiétée. Le lendemain 1er novembre, les coalisés entrent dans Hanau abandonné par les troupes françaises.
Après la bataille de Leipzig, le commandant en chef de l'armée bavaroise avait une occasion unique et historique de bloquer la retraite de l'armée impériale. A l'instar de l'amiral Tchitchakov sur les bords de la Bérézina un an plus tôt il n'a pu empêcher Napoléon de s'ouvrir une route vers le Rhin. Battu le 30 octobre par l'Empereur, le voilà de nouveau battu le lendemain par un ses généraux pourtant en sous effectif flagrant.
Quelle victoire !!!!
Durant la bataille il perd son gendre le prince von Dettingen-Sielberd qui servait à ses cotés en qualité d'aide de camp. Grièvement blessé et évacué du champ de bataille il termine la journée au fond de son lit. Au comble de malchance il perd son commandement et lorsqu'en 1814 il pense être remis voilà que sa blessure se rouvre.
Décidément l'Empereur avait vu juste. « pauvre de Wrède ».
Sources :
Les grandes batailles de l'histoire Hanau, 1813 de Jean Tramson aux éditions Socomer
Des batailles et des hommes Hanau & Montmirail de Jean-Pierre Mir chez Histoire et Collections
1813 la campagne d'Allemagne de J. Tranié et J.C. Carmigniani aux éditions Pygmalion
La campagne de 1813 de G. Clément A. Daniel & collectif aux éditions Quatuor
Hors série n°18 Tradition Magazine Hiver 1813 Napoléon rejeté derrière le Rhin de Pierre Juhel